Ebooks et applications numériques : quelles différences ?

Depuis leur arrivée dans l’industrie littéraire, les livres numériques ont soulevé les plus grands débats. Beaucoup les détestent sans même les connaître. Pourtant, les livres numériques ne désignent pas une catégorie compacte. Au contraire, parmi les œuvres destinées à la jeunesse, l’on distingue parmi eux deux mouvements contraires. D’un côté, les productions qui tentent de se rapprocher du livre papier et qui l’imitent : le livre homothétique. De l’autre, les œuvres qui tentent plutôt de s’en éloigner, pour créer du contenu innovant pour la jeunesse : le livre-applicatif.

 

Image d'une table où sont posés des livres et au dessus d'eux une tablette avec écrit e-book

 

Les deux mouvances des livres numériques

Commençons par l’ebook. Il s’agit d’un livre numérique supportant l’ePub, un format libre et ouvert, lisible sur divers supports ainsi que sur les liseuses (à l’exception toutefois du Kindle d’Amazon, vous imaginez bien que Jeff ne fait rien comme tout le monde). Sans entrer dans trop de technicités, sachez seulement qu’il s’appuie sur les technologies du web telles que le XHTML5 et le CSS3.
Lorsque l’ebook incarne la version numérique d’un livre imprimé, on le nomme « homothétique ». C’est donc une copie du livre papier…sur écran. Ce type de livres simulent des éléments intrinsèquement liés à l’expérience littéraire imprimée. Ce qui est intéressant, c’est que ces éléments (la couverture, la table des matières, la sonorité des pages qui tournent, etc. » ne sont pas indispensables sous format numérique. Leur seule utilité est de rassurer le lecteur quant au fait qu’il soit bien en train de lire un livre.

 

En dépit de l’ergonomie intuitive de ces livres, leur « ambition première est de préserver les gestes traditionnels de la lecture » (Soccavo, 2007). Vous comprenez, il ne faudrait surtout pas déstabiliser les habitudes du public et lui faire comprendre que lire sur écran et lire avec un livre sont deux activités différentes.  Mais au-delà de cette idée qui paraît assez amusante se cache l’idée qu’il y a des étapes psychologiques relatives à l’expérience de lecture. Ouvrir un livre puis le fermer font partie intégrante d’une « lecture numérique achevée » comme l’a théorisé Nolwenn Tréhondard en 2014.

 

Une autre raison qui explique l’importance de tout cette mise en scène, c’est Internet. Eh bien oui, lire un livre numérique ne peut pas être semblable à la lecture d’un article de site web par exemple ! Le livre est bien trop symbolique pour cela. Et pour la jeunesse, il s’agit aussi de rassurer les parents en montrant qu’une œuvre littéraire, même sous format dématérialisé, n’encourage pas au zapping et a toujours pour finalité de faire lire les enfants.

Illustration article livres numériques

Face au livre homothétique, les œuvres applicatives proposent une expérience inédite enrichie d’interaction. Elles s’affranchissant de leur support de référence et incitent le lecteur à devenir co-créateur du récit.

 

Les applications numériques comme un nouveau souffle ?

Pour trouver des livres applicatifs, oubliez les librairies ! C’est sur Internet que ça se passe. Les applications numériques sont en effet vendues à partir des magasins virtuels de grands distributeurs tels qu’Apple ou Google. Pour info, ces géants utilisent respectivement comme systèmes d’exploitation l’iOS et l’Android.

Pour lire un livre applicatif,  un appareil numérique (smartphone, tablette, etc.) est nécessaire. De même, un accès Internet est indispensable pour acheter ou télécharger une copie de l’œuvre. Et attention, les détenteurs d’appareils Apple n’accèderont qu’aux applications développées sous iOS tandis que les autres utilisateurs accèderont aux applications Android. 

Différents livres numériques pour différents besoins

Le livre homothétique, bien qu’il n’autorise pas le lecteur à intervenir dans le récit, lui permet d’agir sur des éléments du paratexte (taille des caractères, polices, etc.). Ca pourrait sembler un peu inutile mais pas du tout ! En réalité, ces nouvelles capacités répondent aux besoins de publics spécifiques tels que les déficients visuels ou les personnes dyslexiques. Un bon point donc en matière d’accessibilité. 

Plus généralement, les ebooks répondent aussi à un besoin pratique ou immédiat de la part du public. Personnellement, j’ai beaucoup utilisé ce format lors de mes études. Sans prendre de place, cela m’a permis de lire des livres théoriques pour des examens par exemple. 

Les créateurs de livres applicatifs, eux, se servent des enrichissements numériques pour révolutionner l’expérience de lecture de référence et plonger le lecteur dans des univers artistiques. Il s’agit d’une expérience qui malgré sa distance par rapport au livre papier, se veut tout aussi immersive. Une étude menée en 2015 a notamment montré que le public était moins réceptif aux livres interactifs ne disposant pas d’enrichissements sonores. La conclusion de cette étude établit que le livre « enrichi […] doit être un objet sonore, sans quoi il perd son pouvoir de séduction » (Béchemin, Cohen et Rampnoux 2016). Au centre d’un livre applicatif ne se trouve donc pas le récit de l’œuvre mais peut-être l’interaction. 

Et qui dit interaction, dit jeu. Beaucoup de jeux sont déjà gratuits sur Internet alors pourquoi payer pour ces créations qui se disent être des livres mais en sont trop éloignées ?

 

 

Dans la production littéraire, je pense que le livre-application ne peut trouver sa place que par la médiation. Cependant si ces contenus n’ont pas trouvé leur place, c’est aussi à cause de l’écosystème numérique dont il est impossible de se défaire pour proposer des livres numériques. Si cet article vous a plu, venez découvrir nos autres réflexions autour du numérique dans la section dédiée.